Livre : Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

MALFORMATIONS ET DYSMORPHIE : QUAND LE CORPS EXAGÈRE

« Chère Sissy ! Tes pouces ! DIGNES DE HOLLYWOOD, DE LAS VEGAS, DU ROSE BOWL ! Plus grands que les désirs de n’importe quel homme. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Si vous aimez les monstres, vous savez que certains d’entre eux sont quasi normaux. « Quasimodo », nous l’aurait même écrit Victor Hugo : humains, mais avec un petit détail pas tout à fait net.

Berthe aux grands pieds, Cyrano et sa péninsule de nez… et maintenant Sissy Hankshaw et ses gros pouces surdimensionnés.

C’est Tom Robbins qui nous offre cette légende contemporaine, fleurant bon le chien de prairie et l’entrejambe qui gratte.

Qui ?

Tom Robbins. Un journaliste américain un rien barré, qui s’est fait connaître par sa plume acerbe et ses satires sociales dans les années 1990. Aujourd’hui, il a quatre-vingt-sept balais et il scribouille toujours. On peut dire qu’il a apporté — d’une certaine manière — une contribution inoubliable à la littérature américaine.

Pas forcément agréable, ni essentielle, hein. Inoubliable, j’ai dit.

Avec les cow-girls qui ont du vague à l’âme, je suis passé par tout un panel d’émotions. J’ai adoré (le début), j’ai détesté (à peu près les trois quarts), il y a même des paquets de pages où j’ai vite fait fonctionner mes propres pouces pour accélérer un peu et j’en suis sorti, hum… avec un soupir de soulagement. Mais je ne regrette pas de l’avoir lu et je ne suis pas près d’oublier ce livre.

Essayez d’imaginer ce que pourrait donner du Confucius mixé avec du Cinquante nuances de Grey.

Vous y êtes ? Allez, j’envoie le pitch.

« Dotée à sa naissance des deux plus longs pouces du monde, Sissy Hankshaw décide de devenir la plus grande auto-stoppeuse des États-Unis. Partant ainsi à l’aventure, elle fera une série de rencontres étonnantes qui transformeront sa vie : la Comtesse, magnat des déodorants intimes ; Julian Gitche, l’Indien qui sera un temps son mari ; le docteur Robbins, psychiatre farfelu. Et surtout les cow-girls du ranch de la Rose de Caoutchouc qui revendiquent l’égalité avec les hommes sous la conduite de la belle et sauvage Bonanza Jellybean. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Ça, c’est la quatrième de couv’, enrichie du commentaire de Télérama suivant :

« Hilarant et distingué, pétri de métaphores et d’électricité ».

Roman édité en France par Gallmeister, prix de vente 11,50 €

Je l’ai reçu sur le conseil d’une gentille libraire de Marseille, via la Kube.

Si je vous le fais de façon plus prosaïque, c’est l’histoire d’une fille qui naît avec une malformation physique et qui décide de la transformer en atout. Comme un conte initiatique, le récit se poursuit tout au long de sa vie. Jeunesse, premiers amours, premier emploi, premiers échecs, premier internement en psychiatrie, hop hop, jusqu’à la question fondamentale-climax-poils dressés-sur-les-bras :

Va-t-elle parvenir à s’accepter telle qu’elle est, ou céder à ceux qui la pressent de changer ?

Car là est le fond de l’histoire : être ou ne pas être soi-même dans ce cruel monde uniformisé.

Même les cow-girls ont du vague à l’âme : pourquoi le lire ?  

Ce qui est formidable avec ce livre, c’est qu’il manie avec habileté grosses conneries humoristiques, métaphores profondes sociétales et philosophie de comptoir.

Il est extrêmement bien écrit. Le fait qu’on s’agace ou qu’on se lasse ne remet pas ce point en cause.

« L’ennui avec les mouettes, c’est qu’elles ne savent pas si elles sont des chats ou des chiens. Leur cri est exactement à mi-chemin entre l’aboiement et le miaulement. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

L’humour : à chaque page, vous rirez. Parce que l’auteur est capable de digresser sur tout et n’importe quoi : la solitude d’une amibe, une chèvre qui broute de l’herbe, une horloge qui ne sonne guère. Les blagues fusent et le coin de votre lèvre va discrètement tressauter dans des demi-sourires honteux.

« Dites, il y a une métaphore, là, même si elle est un peu poussive. L’auteur tente ici un parallèle branlant entre la manière dont l’huître assaillie par des impuretés ou une maladie, recouvre cette substance choquante de ses sécrétions, produisant ainsi une perle — un parallèle donc, entre l’ingéniosité éliminatrice de l’huître et la façon dont notre Sissy Hankshaw, ornée de pouces que maint mortel tiendrait pour morbides, revêtit de gloire ces doigts choquants, perpétuant ainsi une vision que l’auteur trouve douce et satinée. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

La métaphore : Sissy, notre héroïne, victime chronique d’incompréhension, va tomber raide dingue de la communauté des Indiens d’Amérique. Toute sa jeunesse, elle a rêvé d’entendre leurs confidences, leurs secrets profonds sur l’adaptation dans une société à laquelle on ne sent pas d’appartenance. Entre espèces en voie de disparition, on se serre les pouces.  

Et elle va finir par en rencontrer un. Mieux encore, elle va l’épouser.

Sauf que l’indien de son cœur est bien différent d’elle. Lui, cherche par tout moyen à s’intégrer dans ce nouveau monde accueillant. Il ne saisira jamais pourquoi elle s’accroche autant à ses pouces, alors qu’il est possible avec la chirurgie de l’époque, de s’en défaire. Il la soupçonne d’avoir outre ses gros appendices, un sacré poil dans la main quand il s’agit de faire des efforts pour entrer dans le moule.

En second plan, Sissy se lie d’amitié avec la Comtesse, le spécialiste du déodorant intime, craignant odeurs corporelles comme autant de nuées de moustiques-tigres. Elle va poser pour lui dans les magazines, mais toujours en cachant ses pouces. Le code est le suivant : on doit plaire. On doit s’effacer. Surtout ne pas sentir trop fort.

Satisfait de leur collaboration, la Comtesse va envoyer Sissy gérer le problème qu’il rencontre avec son ranch de cow-girls. La Rose de Caoutchouc (patronyme idéal pour phobiques olfactifs) accueille les épouses épuisées qui ont besoin de se ressourcer quelques semaines. Au programme, massages, bien-être, régime minceur… et la cerise instaurée par les cow-girls : reconditionnement sexuel.

Ben oui, partant du principe que pour plaire à leurs hommes, les femmes doivent s’entraîner un peu, nos cow-girls en chaleur vont développer des cours collectifs de découverte de soi.

À ce stade, l’histoire sombre dans une partouse plus ou moins continue.

Les cow-girls vont se rebeller contre la Comtesse, estimant que seules les effluves de l’amour charnel sont susceptibles d’agrémenter la femme. Aux chiottes, les déodorants. Révolution au pays des vaches, prière de couper la tête de la Rose de Caoutchouc.

Leur combat va se cristalliser autour d’une tripotée de grues sauvages passant la saison dans le lac du coin. La Comtesse va vouloir exploiter les volatiles (eux aussi en voie de disparition, comme les indiens et comme Sissy) pour ses publicités. Les cow-girls désirent les protéger et leur rendre leur liberté. L’État américain, lui, souhaite posséder — comme toujours — et n’accepte pas qu’une minorité d’oiseaux rares réussissent à leur échapper. Et alors, notre héroïne ?

Eh bien, ses deux gros pouces et elle ont fini par trouver refuge chez un ermite dans la montagne, sage malgré lui.

« Je crois en tout, rien n’est sacré. Je ne crois en rien, tout est sacré. Ha ha, ho ho et hi hi ! » 

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

La philosophie de comptoir :

Le Chinetoque, comme on le nomme, est un Japonais ayant fui son volcan et ses ignames lors de la Seconde Guerre pour trouver le gîte aux USA. Il n’a ni foyer ni famille, il vagabonde partout où le porte le vent. À force de voyages, il va tomber nez à nez avec le très mystérieux peuple de l’Horloge qui va lui révéler le sens sacré de l’existence.

Les Horlogiens attendent la fin du monde, persuadés que des tremblements de terre viendront à bout de l’humanité. Chaque jour, ils se relayent pour remonter le mécanisme de l’horloge, dans une tradition millénaire aussi absurde qu’immobile.   

Après un temps d’errance statique avec eux, le Chinetoque est reparti sur sa propre montagne, surplombant le fameux ranch de la Rose de Caoutchouc. De là, il mate le cul des cow-girls.

La rumeur de son savoir acquis s’est dispersée aux quatre coins de l’Amérique, de sorte que des pèlerins le poursuivent pour tenter de recevoir son enseignement. Sauf que le Chinetoque ne le voit pas de cet œil. Les mystiques, il les emmerde. Il les chasse.

Cependant, lorsque Sissy va monter à sa grotte, les choses vont être différentes. Ses gros pouces le fascinent. Le restant de son corps sensuel aussi. Il aime ce déséquilibre de la nature et va la conduire à sa chambre, où ils vont pouvoir baiser comme des coyotes jusqu’à ainsi dire la nuit des temps.

Entre deux copulations, Sissy va écouter les propos pleins de sagesse du Chinetoque. Elle va poser des questions sur la vie, la mort, les hommes, les femmes, les grues, l’absolu quoi. Et quand elle va redescendre de la montagne pour retrouver son mari (qui est toujours là quelque part), elle n’en sera que plus forte.

C’est lors de son internement psychiatrique que Sissy va raconter à son médecin ses aventures avec le Chinetoque. Et sur tout ce passage, le moins qu’on puisse dire, c’est que Monsieur Tom Robbins s’est éclaté à glisser beaucoup de pensées sérieuses entre deux phrases loufoques.

Si vous avez envie de réfléchir ou de méditer, ce roman possède une profondeur déconcertante. C’est à découvrir. 

Même les cow-girls ont du vague à l’âme : pourquoi ne pas le lire ?

« Sissy portait alors en elle tellement de sperme Chinetoque que cela giclait quand elle marchait. Elle se sentait le droit de sonder sa personnalité. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Le vit et le con :

Venons-en maintenant à ce qui m’a le plus agacé dans ma lecture : les scènes de sexe.

Je n’étais pas prévenu et je le regrette. Sans avoir l’esprit prude, je ne cherchais pas comme bouquin du dimanche un exposé des fantasmes d’un écrivain pour le moins prodigue dans son imaginaire.   

La première partie consacrée à la jeunesse de Sissy est très soft et donc trompeuse. L’auteur émet quelques hypothèses sur des possibles abus sexuels de la fillette, alors qu’elle se perfectionne dans le monde très masculin de l’auto-stop. Mais Sissy a une astuce : elle ne laisse toucher qu’à la condition que le conducteur roule. Les deux mains sur le volant, les accidents sont limités. Solution bisounours pour sauvegarder la moralité de notre héroïne.

Puis, dans la seconde partie, Sissy découvre l’amour. Ça commence à partir un peu en live. Parties trois à sept : on se retrouve avec au moins un acte de nature sexuelle par chapitre, quasi jusqu’à la fin du récit. Quand vous arriverez au bout, il y a aura eu suffisamment d’éjaculations de fluides de toute sorte pour faire reculer le désert de Las Vegas.  

Franchement, c’est relou. Même si drôle, parfois. Et toujours bien écrit.

C’est peut-être pour cela que Télérama qualifie ce roman de « distingué ». Certes, il est probable que notre auteur se tripote en composant, mais en smoking et avec des gants blancs. Il ne tombera jamais dans le vulgaire et épargnera les détails que l’on n’a pas envie de savoir. (Enfin… la plupart du temps.)  

« Cette phrase-ci est faite de plomb (et une phrase en plomb donne au lecteur une sensation tout à fait différente d’une phrase en magnésium). Celle-ci est en laine de yack. Celle-ci est faite de soleil et de prunes. Cette phrase est en glace. Cette phrase est écrite avec le sang du poète. Cette phrase est made in Japan. Cette phrase luit dans le noir. Celle-ci est née coiffée. Cette phrase en pince pour Norman Mailer. Cette phrase est une alcoolique et elle se fiche pas mal de qui le sait. Comme beaucoup de phrases en italique, celle-ci a des liens avec la Mafia. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Je crois que Tom Robbins s’amuse beaucoup avec le lecteur et prend certainement plaisir à créer un sentiment de gêne pudique. Dans le récit, d’ailleurs, les incursions du narrateur sont très fréquentes. Si « l’auteur » (comme il se présente) a envie de vous alpaguer par un « hé, vous, lecteur, qu’est-ce que vous en pensez de nos cow-girls qui niquent ? » (en gros), il s’en donne à cœur joie.  

Ce n’est que tout au bout du récit où l’on apprend que « l’auteur » du récit de Sissy Hankshaw n’est pas Tom Robbins. Ou plutôt si, mais non. Pas vraiment. Le narrateur s’appelle Robbins lui aussi, mais ce n’est pas le même.

J’ai trouvé cela assez maladroit, comme si notre écrivain n’assumait soudainement plus et décidait de reporter la faute de son imagination très libertine sur un autre personnage du récit. Son explication tient la route, ceci dit, ce qui fait qu’on ne peut pas la lui reprocher.

Mais… je ne sais pas… j’ai trouvé que ça manquait de courage, tout de même.

Vous avez dit « intrigue » ?

Second point négatif : ce récit n’a aucune intrigue, ni aucun enjeu dramatique. C’est une simple histoire de vie. La ligne narrative est chronologique et consiste presque en une biographie.

Seulement, s’il existe des tas de biographies très sympathiques, la vie de Sissy est insipide, surtout à compter de son mariage. On finit par s’en foutre un peu, de ce qui lui arrive sur 442 pages. Elle rencontre des gens, la belle affaire ! Elle n’en tire aucune véritable expérience et n’évolue pas. Même après sa confrontation avec le Chinetoque, on ne sent aucune prise de conscience.  

Les personnages secondaires sont peu attachants, et j’ai par exemple détesté les passages au ranch. Les cow-girls sont trop nombreuses et je n’arrivais plus à savoir qui était qui. Leurs problèmes de chèvres, de vaches, de polkas à la radio ou de posters dans les toilettes ne parvenaient pas à conserver mon attention.

Très vite, l’axe naissant autour de la monstruosité de Sissy a été abandonné pour des platitudes. L’auteur a voulu discuter de tout et de rien, et d’un point de vue dynamisme narratif, il m’a coulé au fond du lac Siwah avec ces histoires de révoltes olfactives et de grues. 

Les trop nombreuses digressions créent des longueurs, tout comme les évocations des Horlogiens, qui répondent au final aux règles de l’absurde. J’aime l’absurde d’amour. Mais là, je m’en serai bien passé. 

Dommage, on partait vraiment d’une idée sympa. Parler des pouces de Sissy et de ses difficultés à appréhender le monde était une excellente idée. J’aurais apprécié que Sissy se développe autour de cette problématique. Mais là… j’ai l’impression d’avoir été volé sur la marchandise. Déception de lecteur.

Sissy Hankshaw : le monstre

 « L’incroyable, avec Sissy Hankshaw, c’est qu’elle ne fit pas une névrose complète. Si vous êtes une petite fille des faubourgs pauvres de Richmond, Virginie, comme l’était Sissy, et que les autres gosses se moquent de vos mains, et que vos propres frères vous appellent par le surnom que vous avez dans le quartier — “Berthe aux grands pouces” — et que même votre papa vous reproche parfois en plaisant de n’être capable que de vous “tourner les pouces”, ou bien vous vous endurcissez, ou bien vous craquez. »

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Sissy est un monstre de l’imaginaire, c’est-à-dire que si ses pouces sont décrits sous maintes et maintes coutures, leur taille n’est jamais quantifiée. Nous savons que ses pouces sont les plus grands du monde. Nous n’ignorons pas qu’ils sont volumineux, et peuvent assommer violemment les gens. Que les manipuler demande de l’expérience, qu’il faut les entraîner pour ne pas qu’ils s’engourdissent.

Les pouces de Sissy, inimitables, sont néanmoins indéterminés. C’est leur force ! Jusqu’où vont-ils aller ?

Sissy a souffert durant toute son enfance des moqueries de ses camarades, qui lors des fêtes costumées, se déguisaient en elle. Sa mère l’a conduite chez des scientifiques qui n’ont fait que confirmer l’absence de tout danger : ses pouces sont sains, pas nécessaire de les amputer en dehors de considérations esthétiques.

Plus amusant encore, sa mère l’a également emmenée chez une diseuse de bonne aventure, partant du principe que si on désirait lire dans ses mains, la matière ne manquerait pas.  

Néanmoins, et après s’être accomplie en tant qu’auto-stoppeuse, Sissy a connu le doute du monstre qui voudrait bien goûter de la normalité.

Il existe un mot, pour parler des scientifiques qui se dévouent à la cause de toutes les Sissy : les tératologues. Spécialistes de la science des anomalies de l’organisation anatomique, congénitale et héréditaire des êtres vivants.

Si vous creusez un peu dans votre dictionnaire latin grec, vous verrez que la tératologie se constitue de deux fragments : téras pour « monstre » et logia pour « étude de ».

On peut en revenir comme pour la manticore à Pline l’ancien qui a longtemps été la référence en matière de bestiaires réels et légendaires. Pline, tératologue de l’antiquité, cataloguait chaque créature de notre univers existante ou non.

Les monstres souffrant de difformités n’étaient pas nécessairement mal perçus. Si on reprochait aux femmes de n’avoir pas su mettre au monde des progénitures normifiées, certains enfants biscornus étaient considérés comme des envoyés de dieu. Les prêtres avaient même obligation de les baptiser pour peu qu’ils aient une âme et de les élever pour peu qu’ils aient une cervelle, d’où notre célèbre Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.

Ce n’est qu’à compter de la Renaissance où les monstres ont été analysés, décortiqués et désenchantés par de nouveaux esprits avisés. La génétique a fait une entrée fracassante. Les monstres fabuleux ont été réexpédiés dans les fables, les « monstres » réels ont été renommés en fonction de leurs pathologies.

Ne serait-ce que pour les malformations de la main, nous avons l’acromégalie, la main bote, les camptodactylie, clinodactylie, microdactylie, brachydactylie, syndactylie, la mélomélie et j’en passe.  

Et dans le tas se trouve notre Sissy Hankshaw.    

En 1896, inspiré par une gravure d’un ouvrage de Théophile Gauthier à propos de Cyrano de Bergerac, Edmond de Rostand va écrire la pièce éponyme, qui rencontrera un succès jamais démenti.

Au vingtième siècle, ceux qui étaient relégués aux cirques en raison de leur différence anatomique ont été réhabilités. Un réalisateur qui a beaucoup apporté au monde à ce sujet, c’est Tod Browning. Son film en 1932 « Freaks, la monstrueuse parade » a permis un éveil des mentalités au sujet des « autres ».

Vers cette époque, l’être humain a cessé d’être exploité. Les squelettes de personnes malformées n’étaient plus admis dans les musées. Et on a arrêté de s’inspirer des maladies (comme celle de Joseph Merrick, alias Elephant Man qui a inspiré le film de David Lynch) pour effrayer les enfants crédules et les pousser à obéir.

Avec le roman puis les productions autour de Frankenstein, une idée est née progressivement : la créature monstrueuse peut posséder une âme et aimer comme n’importe qui. Thématique reprise de nombreuses fois jusqu’à Edward aux mains d’argent de Tim Burton.  

En 1985 est sorti Mask de Peter Bogdanovich — rien à voir avec le coronavirus — relatant l’histoire d’un jeune garçon, Rocky, souffrant d’une malformation du visage. (avec Cher, qui, d’ailleurs, reçut l’oscar du meilleur prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, pour ce que ça vaut.)

Et nos cow-girls, alors ?

Pour en revenir à l’ouvrage de Tom Robbins, son adaptation au cinéma a eu lieu en 1995 par Gus Van Sant, avec dans les premiers rôles Uma Thurman et Keanu Reeves. Je ne vous en dirais pas du mal, parce que je ne l’ai pas vu et ne compte pas le découvrir.

Sachez seulement qu’il existe, qu’il s’est banané à sa sortie (avec deux nominations au Razzies awards) et que tous les sites de critiques le descendent en flèche (d’apache).  

(Ha ha, ho ho et hi hi !)

Sources : Allociné, Wikipédia, les photos sont tirées du film de Gus Van Sant

4 commentaires sur « Livre : Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins »

  1. Ha ha, ho ho et hi hi, voilà un bouquin que je ne lirai pas ! Franchement, je t’admire d’avoir réussi à finir, moi, dès que ça ne me plaît pas, je lâche. Et encore plus d’avoir réussi à écrire un article qui se lit vraiment bien ! Chapeau, c’est de l’art, ça, parler aussi bien de quelque chose qu’on n’aime pas ! 😉

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    1. Ahah, merci ! Le problème, c’est quand on veut critiquer un bouquin, on est bien obligé de le lire quand même. Là, j’ai de quoi en débattre. =D Je sais aussi que je n’irai pas piocher dans les autres œuvres de cet auteur. Tom Robbins, ce n’est pas fait pour moi !

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