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Film : Elysium de Neill Blomkamp

D’après un scénario original de Neill Blomkamp

LE SPECTRE DE LA MISÈRE ET DE LA MALADIE : LUTTER POUR SURVIVRE

Présenté comme ça, j’ai l’impression de vous pitcher un remake de la Révolution française. Ce n’en est pas si éloigné, quand on y pense. L’histoire est un éternel recommencement.

Le scénario tient dans un concept très simple. C’est la fin du monde : la planète Terre est abandonnée aux pauvres et aux malades tandis que les riches partent vivre dans une station spatiale ultra confort avec grands jardins, jacuzzis et accès illimité aux soins. Ce refuge futuriste se nomme Elysium. 

Sans surprise, cette appellation fait directement référence aux Champs Élysées. (Interdit de chanter) Je vous parle là de mythologie grecque. C’est tout bonnement une partie des Enfers, où les gens vertueux goûtent le repos après leur mort. Autrement dit, c’est le cinq étoiles ad patres.

Et l’homme inventa la roue !

L’idée est bien trouvée, puisqu’en effet, la planète Terre est à l’agonie et Elysium est perçu par les derniers Terriens comme un lointain paradis dont l’atteinte est littéralement hors de prix. Des billets pour des navettes sont vendus aux particuliers par des passeurs, le voyage étant bien évidemment sans retour.  

Ça ne dérange pas vraiment les voyageurs…

Faut dire qu’en 2154, la ville de Los Angeles souffre de surpopulation, de la pauvreté et surtout de maladie. Les policiers sont dématérialisés par des robots plutôt tatillons. Les robots sont fabriqués par des ouvriers maltraités. L’alcoolisme, l’oisiveté et l’illettrisme sont trois fléaux communs. Pour s’en sortir, les gens volent, tuent. Ceux qui n’ont pas baissé les bras rêvent de s’échapper de ce quotidien sinistre et poussiéreux. Tous les moyens sont bons, surtout les illégaux.  

Vous vous en doutez, il s’agit d’un univers purement dystopique et le film répond au genre et aux codes de la science-fiction.   

C’est là qu’intervient Max, sous les traits de Matt Damon. Je ne vous le présente pas. Tout le monde connaît Matt Damon !

Max est un pauvre type qui cherche à s’améliorer. Il a le béguin pour Frey, son amie d’enfance, devenue infirmière et mère célibataire.

Frey est portée à l’écran par Alice Braga, actrice et scénariste brésilienne que l’on retrouve dans plusieurs films d’actions et de science-fiction.

Max galère.

Max souffre.

Et, Max, bonne poire, va rentrer dans un caisson irradié pour débloquer le truc qui est coincé, là tout au fond. Il va rester à son tour piégé à l’intérieur tandis qu’une dose d’ondes bien décapantes s’occupe de lui faire cuire le ciboulot. Et quand Max ressort, on lui annonce qu’il n’a plus que cinq jours à vivre.

Élément déclencheur. 

Cinq jours, c’est peu, et Max n’a pas envie de mourir. Il va donc par tout moyen chercher à rejoindre Elysium pour atteindre un module médikit, et s’autorégénérer.

Poum… Poum… Poum… Montée du suspens, et je ne vous raconte pas la suite de l’histoire.

« Mec, dis-moi que t’as pensé à commander les sushis »

Je vous avoue qu’elle est assez classique, sans surprise, violente et sans doute un poil déconseillée aux épileptiques. Ça se regarde bien quand même, vous passerez avec une bonne soirée. Mais ce n’est pas le film du siècle, d’un point de vue scénario. D’ailleurs Monsieur Neill Blomkamp le reconnaît lui-même, ce n’est pas un secret.      

Mais pourquoi je vous parle soudainement d’un film de science-fiction ?

Eh bien parce que la science-fiction repose presque toujours sur un monstre. Soit on part de Terre à cause d’un monstre, soit on revient sur Terre pour fuir un monstre. Il s’agit d’un cycle infini de l’hyperespace distorsion neuf montez-sur-la-passerelle-repos-mon-capitaine.

Dans le cas présent, le film traite du spectre très immatériel et pourtant carrément flippant de la misère. C’est le moteur de tout le film. Nous devons échapper à la pauvreté et la maladie.

Du début à la fin, notre héros va essayer de sauver sa peau alors que son corps se décompose peu à peu. Bras cassé mal soigné… Muscles faiblards… Jambes qui flanchouillent…

Max va donc, pour retrouver un peu d’humanité, se faire greffer un exosquelette métallique vissé directement à son cerveau. Il va se foutre des câbles partout et se transformer en créature de Frankenstein. Plus il va se métamorphoser et mieux il va se sentir.

Parallèlement, la fille de Frey souffre d’une leucémie et est condamnée, elle aussi, et comme elle est toute mimi, forcément, on a un peu peur pour elle. On veut qu’elle atteigne à temps un module de soins, même si Max, en sa qualité de pauvre gars, n’est pas bien décidé à privilégier la vie de l’enfant avant la sienne.

Frey et sa fille, instant critique

Ce qu’il y a de plus effrayant au final, dans cette débauche d’armement militaire, de grenades, d’explosions, de méchas… sont les propres limites biologiques du corps humain. 

Nous vivons tous avec un compte à rebours au-dessus de la tête.  

Ce n’est pas aussi flagrant qu’un film comme Time Out (science-fiction également), mais l’idée est exactement la même. Je peux vous parler sur le même sujet de Snowpiercer, où la lutte des classes pauvre/riche se déroule non pas entre deux planètes, mais dans un gigantesque train.

Snowpiercer, avant d’être une très belle adaptation coréenne, est une bande dessinée française, nommée le Transperceneige, crée par Jacques Lob (scénario) et Jean-Marc Rochette (dessin). Si vous embarquez à bord, je vous préviens, il vaut mieux choisir les wagons de tête.

Combattre contre le spectre de la maladie, c’est encore le concept clef des grands films d’épidémie, à la Contagion. (Avec Matt Damon dans le rôle principal, pour ne pas changer) À la World War Z aussi, une histoire très chouette de zombies, qui s’autocontaminent à chaque morsure, après la diffusion d’un virus mutant par des animaux sympathiques. Je pense aussi à 28 jours plus tard.

Il y a fréquemment à la base une anecdote de cochon, de singe ou de chauve-souris. (Les bestioles qui transmettent facilement des maladies à l’homme) Si ce n’est pas un mélange des trois bestioles à la fois… Quitte à ce que la maladie soit monstrueuse et finisse par décimer l’humanité, autant qu’elle soit issue d’un monstre…

Parfois, le virus est lui-même le monstre. C’est le cas des virus mutants, car résultants de la génétique et des expériences scientifiques.

Dans le même esprit, voir Dernier Train pour Busan, qui est sans doute mon film de zonzon préféré, toujours à cause d’un virus qui gagne du terrain sur la population.

Quand il s’agit de lutter contre la maladie ou la mort, le symbolisme du zombie est très souvent utilisé, c’est évidemment plus parlant qu’une histoire de cancer ou de lente détérioration des organes. Dans le monde du cinéma, il est important de rendre la maladie « visuelle ». Allez savoir pourquoi, une gueule cassée qui bave, ça fait toujours un peu d’effet. 

Si vous voulez un film très bien et un peu plus original, je vous invite à voir District 9, également réalisé par Neill Blomkamp. Ce film raconte les péripéties d’un homme contaminé qui se transforme doucement en crevette. Oui, vous avez bien lu. « Crevette », c’est l’affectueux surnom donné aux extraterrestres, je précise.

Au sujet de la surpopulation et de la misère qui en découle, Elysium n’est pas non plus sans rappeler les univers de Seven Sisters et de Soleil Vert, classique de 1973, tiré d’un bouquin que je me suis promis un jour de lire.

D’ailleurs, attention, Soleil Vert fixe la date de la grande misère à l’année 2022. Nous n’en sommes plus très loin. (Ce qui a de bien avec ces films-catastrophes, c’est la bonne dose d’optimisme livrée dans le coffret.)

Voici donc un monstre peu sympathique et qui fait froid dans le dos. Le spectre de la misère et de la maladie, c’est celui qu’on agite de temps à autre à la télévision pour convaincre les gens d’aller dans une direction ou dans une autre. Il a bien ça d’effrayant : il est actuel et est susceptible de tous nous atteindre un jour. 

En définitive, il n’y a pas plus réaliste que la science-fiction.

Un film comme Elysium en est la preuve.

Plus vous cherchez à causer du futur, et plus vous vous retrouvez à parler du présent.    

Sources : Allociné, Wikipédia, Purebreak Films actu

4 commentaires sur « Film : Elysium de Neill Blomkamp »

  1. Très intéressante, cette analyse de ces monstres abstraits que sont la misère et la maladie !
    Je suis fan de dystopies et c’est vrai que c’est bien souvent le principal moteur du scénario. Dans le genre, il y a aussi toute la série des Hunger games dans lesquels la misère de la masse opprimée est à son apogée.
    Je n’ai pas vu Elysium ; je vais y remédier ^^

    Aimé par 2 personnes

    1. Oui tiens, Hunger Game, c’est vrai pour les deux derniers tomes. =) Par contre, pour le premier, je pense davantage au spectre du jeu. L’auteur aborde moins la question de la lutte des classes sociales.

      J’aime

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