Film : Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu

D’après les différentes œuvres de Mathias Malzieu

La sirène : l’amour et la mort en queue de poisson.

« Les fantômes de mes souvenirs sont accoudés au comptoir. Je vais leur servir à boire mon cocktail de mélancolie… »

Album musical Le Surprisier de Dionysos

Premier film déconfiné, hourra !

Pour fêter ça, je vous emmène à Paris, boire un verre et taper dans une pinata au Flowerburger, sur une péniche itinérante coincée sur un quai depuis trop longtemps.

Avec le mot de passe, vous pourrez vous glisser en fond de cale et chantonner en bouche-à-bouche dans un harmonica.

Ce film un brin délirant vous offrira un quart d’heure poétique et l’ivresse qui accompagne les bons mots. Tout n’y est pas parfait, mais vraiment, il reste… mignon.

C’est – je suppose – une autofiction, le réalisateur Mathias Malzieu s’étant inspiré en partie de ses déboires sentimentaux pour écrire ce scénario.

Le pitch en quelques mots :

Gaspard est en deuil affectif. Pas de bol, c’est un truc qu’il ne sait pas gérer. Quand on lui dit que le restaurant familial est en vente et que le cabaret de son enfance est sur le point de se faire la belle, il s’enfuit à son tour, se réfugiant dans la musique et les insomnies.

Un peu par hasard, il va croiser lors de ses errances nocturnes une sirène échouée sur le bord de Seine, remontée par les crues massives qui gagnent la capitale. Ses efforts pour la ranimer sont vains, alors en désespoir de cause, il l’amène en tuk-tuk à l’hôpital. (Oui… Vous avez bien lu.) Pendant qu’il se bagarre pour retrouver sa carte de sécurité sociale devant une secrétaire d’accueil dotée de l’empathie d’une coquille d’huître, un drame se produit.

Un médecin sort prendre l’air, la créature se réveille et se met à chanter. L’homme tombe amoureux, son cœur explose. Et pof, un mort sur le bitume.

Ceci est donc l’histoire d’un crime passionnel éclair, en quelque sorte.

Doublé d’une vengeance tout aussi passionnelle puisque le défunt était marié et que sa dulcinée avec un polichinelle dans le tiroir a décidé d’offrir au personnel soignant sa tournée de poisson pané.

« Les Surprisiers sont ceux dont le pouvoir d’imagination est si puissant qu’ils sont capables de changer le monde… »

Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu

De la magie dans l’air…

Ce qui m’a frappé en premier dans ce film, c’est la qualité immersive de l’univers, grâce aux costumes, aux décors… Il paraît qu’il a fallu quatre ans pour le pondre, eh bien ça se voit.  

L’histoire se veut fantastique, mais cela va bien au-delà de la rencontre entre un humain et un être imaginaire. Pendant quelques jours, Paris devient une ville extraordinaire. Le réalisateur Mathias Malzieu s’est inspiré du phénomène des crues parisiennes pour expliquer comment, de manière temporaire, des créatures insoupçonnées pouvaient gagner les quais et s’introduire parmi nous. C’est ainsi qu’arrive la sirène, condamnée cependant à disparaître avec la décrue. Nous savons que ce qui se passe est inscrit dans une durée temporelle brève. C’est un conte avec un nombre de pages mesuré, c’est un rêve : il faut en profiter avant le réveil.   

Plusieurs fois la bestiole nous rappelle qu’elle doit retourner à l’eau avant qu’il ne soit trop tard, avec la légère insistance d’une Cendrillon à l’approche de minuit. Nous sommes donc, dès le départ, placés dans un cadre onirique avec un compte à rebours…

Nos personnages vont également évoluer dans une arène géographique aussi féérique que limitée, c’est à dire : chez Gaspard, au Flowerburger et à l’hôpital. Les deux premiers lieux sont presque surnaturels, le troisième nous ramène à la réalité. L’hôpital est ici synonyme de mort et non de guérison. C’est la tanière de l’antagoniste.

Le très mystérieux Flowerburger est l’endroit où tout le monde rêve d’aller : à la fois un bateau et une invitation au voyage, un restaurant où l’on peut dîner en tête à tête et une scène de cabaret secrète où l’on peut passer ses soirées à chanter et danser, comme dans l’ancien temps. On pourrait croire que tous les vœux s’exaucent. Ce n’est pas si étonnant que les gens y tombent fréquemment amoureux.

Le Flowerburger, c’est aussi la nostalgie du passé. Il nous rappelle les music-halls du quartier Montmartre et les caveaux de jazz du centre de la capitale. Quelques échos de La la land et de Minuit à Paris vibrent près des enceintes…

Chez Gaspard, la pièce principale est évidemment la salle de bain. Sirène oblige : tout se déroule autour de sa grande baignoire. On y mange, on y dort, on y regarde la télé. Les autres pièces à vivre sont des annexes. D’ailleurs, nous ne les visitons qu’à une occasion, au tout début, pour nous montrer à quel point Gaspard se sent esseulé. 

Dans la tradition des Surprisiers, Gaspard collectionne des tas de figurines bizarres. On dirait des personnages en pâte à modeler, d’autres semblent sculptées, ou créées à partir d’objets recyclés. Il s’agit d’une représentation miniature de la vie de Gaspard, celle qu’il a perdue et qu’il met en scène sur toutes les étagères, meubles, plans de travail. Gaspard rêve beaucoup et ses songes nourrissent ses formidables chansons.

« Ô ma sirène de salle de bain
Dompteuse de canards en plastique
Il faudrait bien que tu m’expliques
Pourquoi je me sens si bien… »

Album musical Le Surprisier de Dionysos

De la magie dans les mots…  

Oui, parce que mine de rien, il s’agit d’une comédie musicale. Les textes sont donc l’énorme point fort de ce film.

Les dialogues déjà sympathiques sont entrecoupés de chansons, écrites par Mathias Malzieu qui n’est autre que le chanteur, compositeur et membre du groupe Dionysos.

(Rien à voir avec le gros joufflu sur son tonneau de vin. Ou plutôt si, mais placez dans le fût une bonne dose enivrante de Nirvana et de Noir Désir. A l’origine, c’était ça !)

Mathias Malzieu, qui est auteur depuis belle lurette, aime connecter ses mots à la musique. C’est ainsi que l’album musical La Mécanique du cœur connaît également une version livre et une version film.

Cette fois, c’est au tour de l’album musical du Surprisier qui a été précédé de l’édition d’un roman et du film Une Sirène à Paris.

Les différents médias se complètent pour donner lieu à une œuvre triptyque qui se lit, s’écoute et se regarde. C’est dans l’air du temps, on va dire. Mais c’est surtout suffisamment peu commun pour qu’on en parle, rares sont les films que l’on peut savourer de trois manières distinctes.

Évidemment, les chansons du film ne sont pas un bête copier-coller de l’album musical. En plus, ce sont les acteurs Nicolas Duvauchelle et Marilyn Lima qui sauf erreur les interprètent à l’écran. Tout a été retravaillé pour que le film soit un support à part.   

Point un peu négatif : les mélodies restent toujours dans le même registre. La chanson Une Sirène à Paris rappelle inévitablement La Métamorphose de Mister Chat ou La Flamme à lunettes. Nous retrouvons toujours des personnages qui se cherchent, se chahutent à coup de ukulélé et de jeux de mots. De même, tous les protagonistes semblent sans cesse avoir un problème avec leur cœur… Une prophétie/malédiction revient, lancinante : si Jack de la Mécanique du cœur tombe amoureux, les grandes aiguilles de son cœur vont s’emballer jusqu’à ce qu’il explose. Si Gaspard s’éprend de sa sirène, son palpitant va lui aussi éclater.

C’est toujours un peu la même rengaine, parce que cette thématique est chère à Mathias Malzieu.

Pour ceux qui n’adhèrent pas à son univers, ce film risque clairement de manquer de saveur. On ne peut le dissocier de sa bande-son, pas plus qu’on ne peut séparer de la sirène, la femme du poisson.

Et de l’effrayante magie…

Ça aussi, ça m’a bien plu : ce film n’est pas qu’une romance. Notre sirène parisienne souhaite tuer le plus d’hommes possible. Une question de vengeance, à priori : elle aurait besoin d’une bonne petite psychothérapie.

C’est pourquoi on nous sort une intrigue secondaire, avec une filature et une course poursuite dans les rues de Paris, de l’hôpital au Flowerburger, dans une ambiance « veuillez passer ce monstre à la guillotine ».

Ce n’est pas sans rappeler la construction de scénarios classiques comme La Belle et la Bête, ou le Fantôme de l’opéra, qui se terminent plus ou moins de la même manière. (Sauf que pour une fois, le monstre est une femme. Le Beau et la Bête, ça claque, quand même !)

La narration est donc croisée, avec d’un côté les aventures fantasmées de Gaspard, de l’autre la quête anti-sirène. Si cette quête manque parfois de crédibilité et d’imagination (le comble pour ce genre de film !), l’aspect thriller nous offre tout de même une respiration entre deux battements de cœur et ça fait du bien.

À noter pour ceux sensibles à la question de la représentation des femmes à l’écran : pour une fois, tous les grands rôles sont féminins. Gaspard est le seul représentant masculin véritablement pertinent, les autres hommes étant secondaires. Cette comédie musicale est un chant d’amour à la gent féminine, d’un point de vue quasi arthurien. (L’amour courtois, tout ça…)  

Ce n’est pas désagréable, surtout que quand même, la sérénade est belle.

Parlons monstre :

Ah, la sirène, ça, c’est une bestiole qui est intéressante ! S’agissant d’un monstre aquatique, nous la voyons assez peu présente dans nos univers fantastiques/fantasy, car il est difficile de mettre en œuvre des histoires se déroulant sous l’eau. Certains s’y risquent, les progrès technologiques du cinéma aidant. Mais la plupart du temps, la sirène reste un personnage assez secondaire qui n’a pour autre vocation que de croiser la route des terriens…

Alors, monstre humain ou monstre animal ? Qui de la femme ou du poisson l’emporte ?

Déjà, il convient de distinguer la sirène scandinave (au rayon crustacés, en anglais mermaid) de la sirène grecque. (Mi-femme mi-oiseau, un genre de harpies, en anglais siren) Les deux ont pour point commun de s’en prendre aux marins en chantant.  

La sirène scandinave est nommée Margygr, c’est à dire « la géante des mers » et elle n’est pas belle du tout. Elle diffère de l’ancêtre de la sirène (- 1000 av. J.-C.) présente dans le folklore assyrien. La déesse Atargatis était en effet devenue sirène après un suicide raté dans un lac. Métamorphosée en femme-poisson, sa divinité se reflétait à travers sa beauté.

Les légendes se sont manifestement entrecroisées, avec un grand débat très scientifique et très masculin sur le « baisable ou pas baisable ? »  

Au 7ème siècle, un moine anglais nommé Aldhelm de Sherborne les a dépeintes comme des « vierges à queue de poisson ». Comment savait-il qu’elles étaient vierges, là est la question… Mais à priori, le moine Aldhelm était érudit sur le sujet parce qu’il a également composé un traité complet sur la virginité.

Dans le Konungs skuggsjá (« Miroir royal », œuvre majeure norvégienne datant des années 1250), la sirène possèdait de gros seins, et un visage terrible : front pointu, yeux larges, bouche immense et joues ridées.

Christophe Colomb a annoncé en avoir croisé trois vers Saint-Domingue, mais qu’elles n’étaient pas « aussi belles que ça ». Un navire américain en a aperçu d’autres près d’Hawaï en 1850 et a corrigé Christophe, indiquant que « leur beauté ne cédait rien aux plus belles femmes. » Les Amerloques ont ensuite prétendu que Christophe Colomb s’était gouré et avait confondu ses sirènes avec des lamantins.

(Saviez-vous que les lamantins allaitent et disposent de grosses mamelles hypertrophiées au niveau des aisselles ? Merveilleux, n’est-ce pas ?)

Bref, on ne sait pas vraiment qui a vu quoi. Mais d’année en année, portées par la littérature et les légendes, les sirènes sont devenues des femmes tentatrices, munies de généreuses poitrines et fredonnant divinement bien pour attirer l’attention des matelots en mal d’affection après de trop longs voyages en mer.

Hans Christian Andersen est un des rares à en avoir créé une version romantique, avec son conte La Petite sirène dont tout le monde connaît l’adaptation chantante de Walt Disney. La sirène n’est plus le diable des océans, elle cherche le grand amour qui pourra combler son cœur.

De fil en aiguille, on a rétrospectivement rapproché les sirènes de la déesse Vénus, on les a pourvues d’un peigne et d’un miroir et on leur a donné une image de protectrices des mers et des marins. Elles sont aussi associées à la mort et à la métamorphose.

Les sirènes peuvent ornementer les tombes, les plaques funéraires, ou s’introduire dans les tableaux des peintres romantiques.

De nombreux folklores comportent des variantes de sirène. On en trouve dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie… Certaines sirènes sont entièrement humaines et peuvent simplement respirer sous l’eau. D’autres ont un corps complet de poisson et juste une tête de femme au niveau du cou. (Le ningyo japonais.)

Dans le folklore britannique et notamment la balade Sir Patrick Spens, les sirènes étaient un mauvais présage se manifestant aux navires condamnés. Elles amenaient avec elles naufrages et sale temps. (Fiente de mouette, tempête. Fiente de Sirène, idem.) Dans le folklore irlandais et écossais, par contre, des sirènes tombaient fréquemment in love des humains et pouvaient leur procurer remèdes et richesse. Sauvez une sirène et votre bonheur était assuré.

Dans les années 1700 à 1900, de petits malins ont souhaité prouver qu’elles existaient. On ramenait d’Asie ce qui était en réalité des monstres fabriqués à partir d’un corps de primate cousu sur un corps de poisson. Je vous laisse imaginer le côté glauque de la chose, qui était ensuite exhibée dans les foires et les musées. Cela a été le cas de la sirène des Fidji, exposée à Londres puis en Amérique, dans les célèbres attractions Barnum (celui de The Greatest showman).  

De nos jours, les sirènes font toujours parler d’elles puisqu’on en a encore signalé en août 2009, dans les eaux d’Israël et en 2012 au Zimbabwe.

Si vous le souhaitez, vous pouvez désormais prendre des cours pour nager en piscine comme une sirène, avec une vraie queue synthétique, je vous prie. C’est un concept américain nommé « mermaiding ». (et non, ce n’est pas une blague, vous avez même des écoles en France…) Les femmes y trouvent sans doute une opportunité de se réapproprier leur corps et de se sentir belles et désirables, dans un sport aquatique qui pourrait avoir un vague esprit de parenté avec le new burlesque.

Les sirènes font toujours fantasmer, mais maintenant les deux sexes. Les jolies femmes sont accompagnées de jolis hommes, pour un parfait respect de la mixité. Les sirènes vont certainement évoluer encore à l’avenir pour s’adapter à nos propres changements sociétaux.  

Si vous voulez regarder d’autres films de sirène, vous avez au choix Splash, Aquamarine, She creature

Au rayon film d’animation, Ponyo sur la falaise de Miyazaki.

Dans des rôles secondaires, vous en trouverez aussi dans des blockbusters tels que Harry Potter et la Coupe de Feu, Pirates des Caraïbes et la fontaine de Jouvence (alerte navet !)…

Comment ne pas évoquer aussi les sirènes très modernes et enchanteresses de la comédie O’brother des frères Coen ?

On note quelques apparitions dans des séries TV. Tout n’est pas bon à voir, hein. Soyez prudents, certaines sirènes peuvent piquer les yeux autant que l’amour.

Par contre, si un jour vous allez à Copenhague, vous aurez comme tout le monde le cœur serré devant la statue emblématique de la ville, surtout lorsque le coin est un peu désert et que le vent souffle…

La sirène est désormais un incontournable des monstres romantiques.  

Sources : Allociné, Wikipédia, photos Copyright Thibault Grabherr / Sony Pictures Entertainment France

7 commentaires sur « Film : Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu »

  1. La dernière sirène que j’ai croisée c’était dans l’ethylique et hallucinogène The Lighthouse. Pas franchement appétissant.
    Autre mythologie (et son côté mytho), le Dionysos dont tu parles me rappelle quelques souvenirs de concerts en folie avec un Malzieu remonté comme un ressort. Je t’avoue que ça m’a vite fatigué toute cette énergie dépensée, je ne suis pas vraiment de cet univers (je me laisse dériver plus aisément vers de Noirs Désirs plus rageurs…). Pareil pour les écrits et films du monsieur qui ne me tentent guère. Je reconnais à travers ton très bel article toute la richesse imaginative, la poésie facétieuse, sans toutefois me sentir appartenir à cet univers forain.

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    1. Noir Désir, c’était une autre époque. 🙂
      Dionysos a pas mal évolué d’album en album, ils sont moins rock qu’avant et l’excès de poésie finit par être pompant, je te l’accorde. Maintenant, je ne prends plus la peine de les écouter, j’attends que les adaptations cinéma sortent…
      J’aime bien quand même cette influence « freaks » qui persiste d’histoire en histoire. Il faudrait juste que Malzieu laisse tomber la romance pour explorer d’autres genres…

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  2. Joli article. Pas sûre d’adhérer à ce gros délire, par contre, mais si j’ai l’occasion, je me laisserai peut-être tenter, par curiosité.
    J’avoue que Splash a été un film mythique de mon enfance… J’ai du le voir une quinzaine de fois. Mais bon, je suppose que le seul point commun reste la sirène !
    (et par contre, le rapprochement entre Dionysos et Noir des/ Nirvana, je ne valide pas trop trop ha ha !)

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    1. Je m’en suis douté en l’écrivant. 🙂 Les tout tout premiers albums de Dionysos, genre les deux premiers, il y avait peut-être un peu de ça. Aujourd’hui, j’ai du mal à leur trouver des points communs…
      On va dire qu’ils ont pris de la distance avec les influences originelles.

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  3. C’est vrai qu’on ne peut guère enlever à Mathias Malzieu son univers délirant et poétique. Je ne suis pas particulièrement adepte du groupe musical, mais j’aime beaucoup l’atmosphère de ses clips et de ses histoires. Quant aux sirènes, à part Ariel, je n’ai jamais vu à l’écran un film sur ces créatures, mais j’avais noté le film sur mon calepin pour le futur, car je trouvais les images belles dans la bande-annonce. Bref, ce genre de truc décalé et haut en couleurs, ça me parle, et ton article confirme ma curiosité 🙂 Belle journée, Sabrina.

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