Festival de Cannes 2024 #04 – My Sunshine de Hiroshi Okuyama

Changement de catégorie, direction la programmation Un Certain Regard.

Aujourd’hui, c’est Japon. Notre jeune réalisateur, Hiroshi Okuyama, signe un deuxième long-métrage. Je n’ai pas vu son premier film, mais son second est dans la veine Kore-Eda (Les Bonnes Etoiles, I Wish, nos vœux secrets), centré sur les relations humaines et accordant une place privilégiée au regard des jeunes enfants.

Kore-Eda disait jadis que « faire un film, c’est fixer ou regarder quelque chose ». Okuyama semble suivre cette ligne directrice et nous montre une saison d’hiver en Hokkaido.

Son nouveau film 2024 est comme le bonbon que vous déballiez autrefois de son papier collant aux doigts. Les photos vieillies de la boîte à chaussures de Mémé. Il va raviver un certain nombre de souvenirs nimbés de nostalgie. Aussi beau que les premières neiges de l’hiver. Un récit de premières fois. Première amitié, ou un peu plus. Premières passions au pluriel.

Car My Sunshine se concentre sur ce thème. Quelle est cette lumière qui nous donne envie de nous lever le matin, qui nous pousse à aller plus loin, à accepter les gamelles et à nous relever encore et encore pour grandir ? Aussi cette bulle qui nous protège durant quelques heures du monde réel ? La passion, la passion.

Pour nos personnages, le soleil se trouve dans le patinage artistique.

Okuyama signe un film sportif qui pourtant n’en est pas un : pas concentré sur la réussite, ni sur la compétition (omniprésente dans la société japonaise). Ici, la passion est au service de la construction et de l’acceptation de soi. Elle va permettre de « protéger » nos deux héros : un jeune garçon bègue qui se fait moquer par ses camarades de hockey et un jeune coach homosexuel retraité des compétitions internationales qui a trouvé un refuge dans sa pratique artistique.

Et au milieu de ça, il y a la jalousie, peut-être un amour déçu de petite fille pour un coach qui ne s’intéresse pas vraiment à elle et qui va venir gâcher la belle amitié idyllique de nos héros. (fin de la minute zen)

My Sunshine de Hiroshi Okuyama

De quoi ça parle ?

Sakura est une petite fille qui apprend le patinage artistique avec son coach. Elle est en demande de regards et d’affection, quand sa mère n’y voit que des objectifs de performance. Sa copine de patinage ne cesse de lui rabâcher que son coach est drôlement séduisant, à tel point où elle-même commence à se sentir attirée.

Takuya, lui, joue au hockey sur glace sans grande conviction, parce qu’il est un garçon, et que c’est un sport de bonhomme. Mais Takuya est beaucoup plus fasciné par le patinage artistique que par tout le reste, au point de passer tout son temps libre à essayer de reproduire les figures de Sakura.

Le coach va le prendre en affection et proposer aux deux enfants de monter un couple pour les prochaines sélections de danse sur glace.

Pourquoi voir ce film ?

Alors, j’y suis allé parce que j’apprécie le patinage artistique et je savais ce sport au centre du film. (Le choix tient à bien peu de choses.) A la lecture du résumé, le côté Billy Elliot ne rejaillissait pas vraiment, de sorte que ce fut une bonne surprise de tomber sur un récit plus complexe que je ne pensais. Pour autant, le film souffre aussi de la comparaison, car il n’est pas construit sur un schéma narratif classique, et apporte donc moins d’élan de satisfaction « tout public », comme on peut le ressentir sur Billy Elliot.

Certes, il y a un début et une fin, comme il y a des changements de saison. Les enfants grandissent parce que le temps passe. Le film se termine parce qu’une boucle est bouclée. Mais n’attendez pas de climax, ou de tension narrative ou de planification du récit en 23 points, voyage du héros, etc (poke les scénaristes US). Il n’est pas non plus impressionnant. Aucune performance sportive n’est montrée, hormis celles des enfants.

Autant dire, on passe 1h30 à voir deux enfants faire des ronds sur la glace, avec peu d’intrigue.

On dirait parfois que Okuyama ne s’adresse pas aux spectateurs, et qu’il n’a fait ce film que pour lui-même et pour ceux qui éventuellement vibreraient à la même fréquence que lui.

Je manque d’arguments, car ce n’est pas un film que je conseillerai à quelqu’un qui souhaiterait se divertir avec un effet d’amusement facile. C’est plus un film opportun pour casser sa routine cinématographique. (Genre, une vidange de l’esprit, après un excès de blockbusters) Ca change, ça déboussole un peu, ça fait du bien aussi de voir quelque chose de différent, d’autant plus que c’est un long-métrage assez court et qu’on entre assez facilement dans cette phase contemplative recherchée.

A voir si vous avez besoin d’un film calme et avec des sentiments positifs, si vous aimez le Japon, ou si vous aimez les histoires qui exposent plus qu’elles ne racontent.

A bientôt pour le prochain film de la compétition !

Retrouvez les précédentes chroniques du Festival de Cannes 2024 :

#01 Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux

#02 City of Darkness de Soi Cheang

#03 The Surfer de Lorcan Finnegan

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