Reims Polar 2023 #05 – La Maleta (Lost and Found) de Jorge Dorado

Quatrième film du festival, et second film vu des neufs (nazgûls) de la compétition officielle.

Surtout, c’est le premier film que je trouve véritablement intéressant. ^^

La Maleta de Jorge Dorado

Le réalisateur Jorge Dorado et le premier rôle féminin, Veronica Echegui (si je ne me trompe pas, parce que l’affiche du film mentionne China Suarez, qui ne me semble pas au casting) sont présents pour nous faire un petit coucou.

Jorge Dorado est un réalisateur espagnol qui commence à avoir fait ses armes. Si La Maleta est seulement son second long-métrage (après Mindscape sorti en 2013), il est également passé par la réalisation de plusieurs séries TV The Head.

En bref, des explications données, je retiens deux intentions du réalisateur.

Première intention : la maleta qui a donné le titre du film est un objet qui se veut presque vivant. On doit la considérer comme un personnage à part entière.

Seconde intention : le réalisateur assume entièrement le côté irréaliste et fantasmagorique du film. Il a écrit ce film comme un conte. Donc, ne pas s’accrocher aux invraisemblances.

De quoi ça parle ?

Au bureau des objets trouvés, un gars met un point d’honneur à rendre à leurs propriétaires les babioles cradingues récupérées par la police et jusque-là non réclamées. Il nettoie, astique, restaure, étudie, examine, avec une méthode qui ferait pâlir de jalousie les Experts à Miami.

C’est ainsi qu’arrive une mallette, tirée des eaux profondes de la rivière, et contenant un certificat de naissance ainsi que les ossements d’un enfant.

La police refuse d’enquêter. Ça doit être un gosse mort-né dont une travailleuse du sexe s’est sans doute débarrassée, pourquoi creuser ?

Fallait pas dire ça à notre gars, qui décide de faire le boulot que la police ne veut pas faire.

Pourquoi voir ce film ?

Ça peut paraitre idiot, mais déjà, parce qu’on ne s’y ennuie pas. (Après un About Kim Sohee plutôt calme et un Master Gardener trop contemplatif…) Le rythme narratif est suffisant pour tenir en haleine le spectateur et l’empêcher de regarder sa montre, ça fait du bien.

En second lieu, j’ai ressenti de la sensibilité dans cette narration, de la part du réalisateur qui explique avoir voulu développer un personnage traitant les objets comme des êtres humains, dans un univers où l’on traite les êtres humains comme des objets.

Beaucoup de recherches dans la manière de filmer cette histoire. (Bon, même s’il semble aimer les chutes de rein autant que Tarantino aime les pieds.) Les plans sont bien cadrés, il y a des idées sympathiques, en matière de création d’ambiance et de messages en sous-texte. Jorge Dorado parvient à créer de la tension en respectant les codes et « clichés » de l’univers polar. On sent qu’il a de l’enthousiasme et l’envie de tester des trucs, tout en ayant la sagesse de ne pas vouloir trop en faire et en optant pour un style relativement sobre, passe-partout et qui sera sans doute populaire.

L’interprétation par l’acteur principal Álvaro Morte est très bien, même si on peut supposer que le port d’une barbe touffue aide à conserver l’air mystérieux, le passé trouble secret et tout et tout.

Bref, une bonne découverte et un réalisateur dont le parcours est à surveiller.

Je regrette que le film n’ait pas eu une petite distinction, comme le prix du public. Si certains concurrents étaient meilleurs et plus audacieux, La Maleta restera une bonne projection, qui devrait je l’espère avoir son petit succès, dans les salles ou en format VOD.

A bientôt pour le cinquième film de la compétition !

Retrouvez les précédentes chroniques du Reims Polar 2023 :

#01 Cérémonie d’ouverture

#02 – Dernière nuit à Milan de Andrea Di Stefano

#03 – About Kim Sohee de July Jung

#04 – Master Gardener de Paul Schrader

4 commentaires sur « Reims Polar 2023 #05 – La Maleta (Lost and Found) de Jorge Dorado »

  1. Il était sur ma liste mais je l’ai finalement fait sauter de mon planning. Dommage car apparemment ça valait le coup d’œil. J’aurais bien vu l’Iranien « Beyond the wall » aussi.
    Mais bon, dans le genre « on ne s’ennuie pas », j’ai été servi avec « upon entry » et « Limbo ». 😉

    Aimé par 1 personne

    1. Ah, on a loupé aussi Beyond the wall, on n’a pas réussi à le caser ! Pareil pour Upon entry, j’essaierai de les voir lorsqu’ils sortiront un jour peut-être au cinéma.
      Pour la Maleta, c’était quand même étrange qu’il n’ait aucune récompense. Je crois que Limbo a grillé tous les autres films. ^^

      Aimé par 1 personne

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