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Reims Polar 2022 #10 – Cadejo blanco (Infiltrée) de Justin Lerner

Pour ne pas rester sur la déception du film de la cérémonie de clôture du festival de Reims, je vous propose de revenir sur le grand gagnant du prix Sang neuf, Cadejo blanco de Justin Lerner. Suivez le chien blanc !

Ce film va sortir en mai 2023 dans les salles françaises, sous le titre « Infiltrée ». Enjoy !

Cadejo blanco de Justin Lerner

Je voulais voir à quoi ressemblait ce film primé. Marie Drucker, lorsque de son discours de remise du prix, avait indiqué qu’il avait fait quasiment l’unanimité du jury et qu’il s’était détaché des autres.

En effet, il vaut le détour et pour une fois, les spectateurs sont tous restés bien sagement assis jusqu’aux dernières secondes du générique de fin. On peut donc dire que le suspense était très réussi.

Justin Lerner était présent au festival. C’est un jeune réalisateur, très ému d’avoir gagné. Bien qu’Américain de naissance, il est particulièrement attaché au Guatemala où il vit et enseigne dans une école de cinéma qu’il a créé là-bas.

Il a expliqué que ce film avait nécessité près de quatre années de travail, que les acteurs et actrices étaient pour beaucoup des non-professionnelles qui signaient là leur premier rôle à l’écran.

Dans un article de Variety rédigé par Anna Marie de la Fuente, Justin Lerner raconte qu’avant l’écriture même du film, il a passé deux années à se promener dans les quartiers de la ville de Puerto Barrios, interrogeant ses jeunes, pour la plupart membres de gang. Ces derniers lui ont raconté leur vie et ont participé à l’écriture du scénario, ce afin de le rendre le plus réaliste possible.

Ce film est donc un témoignage de toute une génération.

A noter en premier rôle féminin, Karen Martinez, qui avait déjà été remarquée dans le film la Jaula de oro primé à Cannes en 2013, catégorie un certain regard.

De quoi ça parle ?

Sarita n’aime pas aller en boîte de nuit, mais puisque sa sœur y tient, elle la suit.

Cependant, la soirée tourne mal. Sa sœur est bourrée, tout le monde la drague, et finalement, Sarita découvre qu’elle a un nouveau petit copain un rien merdique. Membre d’un gang, comme presque tous les hommes du coin. Les deux filles se disputent, Sarita claque la porte et s’en va.

Le lendemain matin, la sœur de Sarita n’est pas rentrée.

Sarita signale sa disparition à la police, qui, clairement, s’en fout. Persuadée que sa sœur est toujours en vie, elle décide de remonter par ses propres moyens la piste du gang.

Pourquoi voir ce film ?

Déjà, ce polar est conduit du début à la fin par une femme qui décide de prendre en main les choses.

Les femmes sont souvent invisibilisées dans les intrigues policières, ou reléguées au rang de victimes ou soutien moral du héros. C’est donc important de souligner que ce film est un casseur de codes, ce qui fait du bien.

Ensuite, j’ai trouvé remarquable l’utilisation constante du sous-texte dans les dialogues, qui crée une nervosité terrible.

Le sous-texte, c’est en gros ce que le personnage pense, mais ne dit pas.

En l’occurrence, Sarita se lance à la poursuite de sa sœur, mais ne va jamais raconter à ses interlocuteurs qu’elle est en train de mener une enquête. Elle va côtoyer le petit copain de sa sœur sans jamais révéler son identité. Ceci est un film d’infiltration dans le milieu des gangs particulièrement réussi.

Un gros coup de cœur pour les dialogues où l’on découvre que Sarita et ledit petit copain se battent pour un même but, mais ni l’un ni l’autre ne peut l’avouer, puisqu’ici, il est impossible de faire confiance aux uns et aux autres.

Enfin, ce film est une fresque sociale extrêmement réussie sur cette jeunesse qui souffre et qui est condamnée à rejoindre des gangs pour survivre.

Nombreux sont les films qui traitent de la mafia aux USA, mais à Puerto Barrios, ces combats sont ceux d’adolescents, soldats d’une guerre dirigée secrètement par les adultes.

Un beau film à voir, autant thriller que drame.

Pour ma part, j’avais encore deux trois choses à vous raconter sur le festival Reims Polar 2022… mais comme j’ai pas loin d’un mois de retard sur TOUT, je vais enchainer directement sur le festival de Cannes qui revient comme à ses habitudes en mai.

Car oui, Cannes revient ! 🙂 (avec ses gourdes, son lot de gaffes, sa patrouille de France hyper dans la chartre d’un festival à la pointe de l’écologie, et le retour en grande pompe de Tom Croisière.)

A bientôt donc, pour de nouvelles aventures !

Retrouvez les précédentes chroniques du Reims Polar 2022 :

#01 Retour en festival

#02 Cérémonie d’ouverture

#03 Entre la vie et la mort de Giordano Gederlini

#04 Assault de Adilkhan Yerzhanov

#05 Midnight Silence de Oh-Seung Kwon

#06 Are you lonesome tonight ? de Shipei Wen

#07 The Execution de Lado Kvataniya

#08 Cérémonie de clôture

#09 La Ruse de John Madden

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