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Série TV et films : Mister Bean de Rowan Atkinson, Richard Curtis and coe.

Avec à l’écriture des premiers scénarios, Rowan Atkinson, Richard Curtis et Robin Driscoll

Mister Bean : voici l’homme qui est un haricot

L’heure est grave, le troisième confinement nous guette, la vingtième vague n’est pas loin de déferler sur nous, le énième variant s’apprête à jaillir de n’importe où.

Bref, il est temps de rire.

J’avais besoin d’un monstre drôle pour détendre l’atmosphère et je suis tombé un peu par hasard sur un coffret d’une rétrospective de Mister Bean en soldes. Oh oh oh, quelle drôle d’idée, et que tu étais tentant, petit prix sur ton étiquette rouge.

Le coupable.

Quelques heures/jours/semaines de visionnage, me voici enfin prêt pour vous en parler. 

J’ai survécu. Et pire : j’ai apprécié.

TOUT LE MONDE connait Mister Bean. Oui, même toi là-bas, dans le fond, qui te cache derrière le cercueil de Nosferatu.

Seulement, beaucoup le dénigrent pour son humour absurde et enfantin, alors que le personnage — monstrueux, il va sans dire — est assez intéressant.

Décryptage, lumière, ça tourne.

Mister Bean, le concept

On pourrait croire que Mister Bean n’est qu’un clown. En réalité, ce pitre est bien plus chiadé que cela.

Il pourrait se résumer à « un homme adulte qui pense et interagit avec un esprit d’enfant. »

Son créateur, m’sieur Atkinson, le décrit de cette façon dans une interview accordée au journal Le Soir  :

« Bean est un enfant qui joue la mascarade de l’adulte. C’est un gamin piégé par son âge et son apparence de grande personne qui remue dans tous les sens pour échapper aux pièges de la responsabilité qu’on attend d’un citoyen en âge de voter ! »

Ainsi, Mister Bean adore se fourrer du popcorn dans le nez au cinéma, boude quand il n’est pas content, fait des blagues, et lorsqu’il a un problème, laisse son imagination tournoyer à plein régime.  

En général, les solutions proposées par monsieur Bean ne sont jamais logiques, à nous humains, mais elles pourraient l’être à tous les Peter Pan et autres enfants perdus de ce monde.

Avec son côté puéril, il peut lui arriver d’être méchant ou cruel, que ce soit en voulant doubler des malades dans la file d’attente de l’hôpital, ou en essayant de se débarrasser d’un bébé qu’il est obligé de surveiller, alors qu’il préférerait faire un tour de manège à la fête foraine.

Il s’agit d’un point particulièrement important : Bean n’est pas sympathique. Il est égoïste, macho, narcissique, désagréable et inconvenant. Du genre à s’enfuir si vous faites une crise cardiaque devant lui, mais que vous êtes encore en état de courir. C’est le Connasse des années 1990 qui, d’une manière assez curieuse, a beaucoup plu aux gens.

Autre caractéristique super essentielle : Mister Bean est un extraterrestre, craché sur notre planète comme un martien exilé.  

Vous voyez bien que c’est un monstre ! =)

Il était une fois Mister Bean : la genèse du personnage

Monsieur Haricot pour les non anglophones est un personnage de fiction né dans l’esprit d’un remarquable acteur, Rowan Atkinson. (Qui est également pilote de voiture, et à ses heures malheureuses, pilote improvisé d’avion.)

On ne peut l’évoquer sans citer parallèlement Richard Curtis, qui eut aussi un rôle important à jouer dans cette histoire.

Dans les années 1980, M’sieur Atkinson poursuivait des études d’ingénieur et avait sans doute besoin d’un dérivatif à ses cours d’électrotechnique.

Plutôt que de dessiner de vulgaires têtes à Toto sur un coin de feuille ou remplir en douce des sudokus, il créa un bonhomme délirant, qui n’avait alors pas de nom.

Bean était né. Sous forme d’individu comique, quasi muet, mais dont la communication non verbale compensait largement le reste.

Mister Bean — extraterrestre tombé du ciel — devait arriver dans notre bonne vieille ville de Londres et se confronter à l’ordre et à la discipline anglaise. Sauf qu’évidemment, venu d’ailleurs, les codes de ce monde ne pouvaient que lui échapper.

Mister Bean est donc autant absurde que poétique. À la fois connecté et… un peu absent.

M’sieur Atkinson semble s’être inspiré des personnages à la Tati, comme monsieur Hulot. Un peu aussi des acteurs de muets Charlie Chaplin, Jerry Lewis, Stan Laurel.

Il en est ressorti un amuseur au faciès marrant et à l’inventivité débordante.

OK, ça c’est la première étape, mais après, comment en est-il venu à se stariser dans une série TV ?

M’sieur Atkinson a décidé de tester son interprétation de Mister Bean lors du festival Juste pour Rire de Montréal.

Tenez-vous bien, en catégorie francophone. Non anglophone, francophone.

Ben oui, parce que Mister Bean appartient au genre assez particulier de la comédie physique, autrement dit, il n’a pas besoin de beaucoup parler. Les grimaces et le comique de situation suffisent à provoquer les rires. M’sieur Atkinson voulait tester le potentiel de son personnage devant un public qui n’aurait pas besoin de comprendre l’anglais pour glousser joyeusement.

Bean a donc fait ses preuves sur les planches avant de passer devant les caméras, grâce à Atkinson et son ami et ancien camarade de classe Richard Curtis. Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Nothing Hill, Love actually… Vous le resituez ? Richard Curtis, c’est l’auteur des comédies anglaises les plus connues.  

Les deux camarades ont beaucoup travaillé ensemble, dans l’écriture de textes, scénarios et dans la réalisation de films. Leurs premiers projets ont été montés conjointement, Bean n’en est qu’un parmi bien d’autres. 

La série TV Mister Bean, un « humour de contrebande » :

Pour apprécier Mister Bean, il y a un point fatidique à accepter, nommé second degré. Ce personnage échappe à toute moralité et peut bien souvent choquer, auquel cas, le rire des spectateurs devient nerveux, un peu gênant.

Rowan Atkinson explique à ce sujet, toujours dans son interview, que la population britannique aime ce style de personnage absurde, car il est la peau de banane qui va engendrer un désordre impossible, cassant les codes, les castes et les habitudes très ancrées dans les mœurs britanniques, qui pèsent dans le quotidien.

En conséquence, Bean va être la douce plaisanterie dont on va causer sous le manteau, tandis qu’officiellement, on réprouve formellement ce genre d’humour.

Il est comme la blague Carambar que l’on va lire avant de jeter. Vous nierez l’avoir lue, je vous le promets. Mais vous la connaitrez quand même, et vous ne l’oublierez pas de sitôt.

La série TV de Mister Bean est arrivée entre 1990 et 1995. Quatorze épisodes courts projetés en cinq ans, une unique saison et trente ans de succès. C’est aussi simple que cela, cette franchise a été traduite et exploitée dans deux cents pays différents.  

Chaque épisode d’environ 25 min à 30 min contient trois sketchs reliés généralement par une thématique commune, par exemple M. Bean va en ville, le Noël de M. Bean, M. Bean à l’hôtel…

On y trouve des figures récurrentes, comme la petite amie Irma, l’ours-peluche Teddy, son increvable voiture…

Ce sont des tranches de vie, à la manière du Truman Show. Nous voyons Bean évoluer dans le monde, mais sans jamais progresser et apprendre de ses erreurs. De manière étonnante, cet antihéros n’a aucun désir profond, juste des désirs immédiats assez simples à satisfaire. C’est l’antithèse du bon personnage de fiction. Il fonctionne principalement au mystère. Intrigant le spectateur, il capte l’attention. C’est qu’on a envie de savoir où il va, quand même, ce brave haricot.

La diffusion du cinquième épisode en 1992 a obtenu une audience de 18,74 millions de téléspectateurs… Pour vous donner une idée, c’est comme si tous les habitants de la Norvège, la Finlande et du Danemark avaient allumés en même temps leur télévision.

Précision qui a son importance, la série TV souffre de merveilleux rires préenregistrés qui vont vous aiguiller sur les moments où il est opportun de secouer ses zygomatiques. C’est déroutant au début, so vintage au milieu, et amusant à la fin.

Il faut juste se laisser prendre au jeu.

Le premier film « Bean » réalisé par Mel Smith et le second « Les vacances de M. Bean » de Steve Bendelack

Compte tenu du succès de la série, il était évident que tôt ou tard, le personnage ferait l’objet d’un long-métrage.

C’est Mel Smith qui s’est mis aux manettes et qui a entrepris de tourner une production à destination du public américain, encore indifférent à notre haricot légendaire.

Ainsi, le premier long-métrage de Bean s’est permis quelques libertés :

  • L’histoire ne se passe plus en Angleterre, mais aux USA.
  • Bean — horreur, poils de loutre et damnation — parle. (Enfin, il dit des phrases complètes autres que son prénom, quoi.)
  • Les autres personnages du film parlent également (et beaucoup trop.)
  • Bean a été humanisé et complexifié pour en faire un gars sympathique avec un grand cœur.
  • Le film se veut réaliste et non plus absurde.

Vous allez me dire, alors, quel est le rapport avec la série ? Je me suis posé la question également.

Le film s’échappe trop des codes de base pour restituer pleinement le personnage de Bean. Certains gags sont repompés de la série TV, il existe des clins d’œil, des parallèles, mais c’est tout. Même Atkinson paraît moins drôle dans son interprétation, et pour cause, le mime, la comédie physique sont mis en retrait par rapport au comique de situation.

En matière de grimaces, on peut aussi admettre qu’il est difficile de se renouveler sans cesse, le corps ayant une souplesse limitée. De sorte, Bean n’est plus vraiment Bean.

Au-delà de cette dénaturation du personnage principal, l’intrigue ne pèse pas bien lourd non plus : les Anglais, las de ce monsieur catastrophe, décident de l’envoyer à l’autre bout du monde pour s’en débarrasser. Cependant, l’œuvre d’art que le « professeur » Bean devait présenter en conférence est accidentellement détruite par ce dernier. Donc, Bean va utiliser toutes ses ressources pour la réparer.

Voilà. Vous voyez, même en pitch, c’est limite chiant à raconter.

Bref, ce film n’a pas été une réussite, même s’il a été plutôt bien accueilli par ceux qui ne connaissaient pas la série.

Une chose de bien tout de même : des petites phrases dans le film m’ont paru très appropriées pour comprendre un peu mieux la nature extraterrestre de Mister Bean. Je ne vais pas vous spoiler, mais si vous regardez un jour ce long-métrage, amusez-vous à les chercher. 

Le second film Les vacances de M. Bean a été réalisé en 2007, dix ans plus tard, probablement parce que ce haricot de l’espace finissait par nous manquer.

Je l’ai vu il y a très longtemps, donc je ne vais pas vous en parler beaucoup.

Il me semble juste important de préciser que cette deuxième production a pris le contrepied de la première, en misant de nouveau sur un personnage quasi muet.

Dans cet épisode, Bean gagne un voyage en France et va donc affronter les horribles Français (quel courage !), dont il ne comprend pas la langue. La comédie physique revient en force pour compenser les lacunes linguistiques. À noter dans ce film la présence au casting d’Emma de Caunes et Jean Rochefort.

Mister Bean et la postérité

Rowan Atkinson l’a dit, il a passé l’âge d’incarner ce personnage. Cependant, Bean poursuit sa route indépendamment de son acteur.

Notre drôle fait désormais partie de l’ADN de l’humour anglais. Un gag spécial a même été diffusé lors de la cérémonie d’ouverture aux Jeux olympiques à Londres, ce qui montre son importance en qualité de « figure de l’Angleterre ». (Bon en vérité, ce gag était indépendant de Mister Bean a confié plus tard Atkinson, mais tout le monde a cru que c’était ce personnage… 😀 )

Bean a aujourd’hui de nombreux dérivés, dont sa fameuse chaîne YouTube qui compte plus d’abonnés que celle de David Guetta. (25,8 millions au dernier clic pour notre personnage fictif versus 22,7 millions pour le DJ.) Certains vont jusqu’à penser qu’il existe véritablement, comme on a pu le prétendre pour Sherlock Holmes ou James Bond.

Lolilol, c’est dire !   

Si Bean a cessé ses grimaces devant la caméra, un dessin animé poursuit son œuvre rendant réalisables certains ressorts scénaristiques inexploités. Pour tous ceux qui rêvaient d’une conclusion idéale, la série TV a mis en image le retour de Bean parmi les siens, avec une immense soucoupe volante venant le rechercher. Cet épisode, il paraît que M’sieur Atkinson le souhaitait depuis longtemps, mais cela n’était pas possible en raison des moyens techniques.

C’est chose faite désormais, la boucle est bouclée. =)

Welcome to home, Mister Bean !

Avis aux amateurs, des rumeurs circulent sur un nouveau long-métrage de M. Bean lorsque les cinémas rouvriront et que le monde tournera plus rond. Un film d’animation, certes, mais qui permettra de retrouver notre antihéros haricot.

2021 sera belle ou ne sera pas.

Et si vous voulez découvrir plus amplement Rowan Atkinson, qu’il serait dommage de limiter à son interprétation de Mister Bean… Pensez aux Blackadder et aux Johnny English, entre autres.

Si vous aimez les films parodiques, plus généralement, dirigez-vous vers le rayon des OSS 117 ou de la Cité de la peur.

Si vous voulez expérimenter l’humour anglais, essayez au passage les Monty Python.  

Sources : Allociné, Wikipédia, Copyright StudioCanal, Copyright Tiger Aspect Productions, Photo credit should read CLEMENS BILAN/AFP/Getty Images et sans doute d’autres Copyright inconnus.

Si vous souhaitez lire la très chouette interview de m’sieur Atkinson sur le journal Le Soir, la voici.

2 commentaires sur « Série TV et films : Mister Bean de Rowan Atkinson, Richard Curtis and coe. »

  1. Bon, je dois avouer que ce style de comédie n’est pas mon truc du tout, donc je n’ai jamais regardé guère plus que quelques minutes d’un épisode. Par contre, je ne savais pas qu’il n’y avait eu QUE 14 épisodes !!! Ha ha, avec si peu d’épisodes, je comprends encore moins comment une telle série et un tel personnage ont pu avoir autant de succès. Mais bon, je ne comprends pas non plus comment Borat peut plaire autant alors… ^^

    Aimé par 1 personne

    1. Ah, je ne connais pas Borat, mais la bande annonce ne m’a pas enflammé, en effet… Mister Bean, par contre, c’est un coup à prendre. Après un temps d’adaptation, j’ai adopté ce personnage. =)

      Il est un peu comme les grolandais ou anciennement les guignols des infos.

      J’aime

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