Livre pour enfant illustré par Axel Schefller
Court-métrage réalisé par Max Lang et Jakob Schuh
LE GRUFFALO : LA SOMME DE TOUTES LES PEURS
Je vais vous présenter un monstre tout doux, idéal pour terroriser vos petites têtes blondes avant de les envoyer dormir. Et en option, leur apprendre qu’il ne sert à rien d’avoir peur, qu’aussi terrible soit le danger à affronter, il est possible de s’en protéger.
Le livre comme le film se destinent à la tranche d’âge des trois-sept ans. (et hum… disons tout âge confondu pour les amateurs d’histoires de monstres.)
« Comment, vous ne connaissez pas le Gruffalo ? Il a des crocs impressionnants et des griffes acérées. Ses dents sont plus coupantes que celles d’un requin ! »
Gruffalo de Julia Donaldson
Résumé en quelques mots :
Une souris cherche un noisetier dans la forêt.
Sur sa route, elle va croiser un renard, un hibou et un serpent, tous trois affamés, qui l’invitent à participer à leur déjeuner. (Dans le rôle du plat.)
Pleine de malice et ne voulant pas finir sa vie précocement, la souris va s’inventer un rendez-vous avec le Gruffalo, un monstre imaginaire, terrifiant à souhait et qui adore se repaitre de renard, hibou et serpent.
Les trois prédateurs lâchent l’affaire, mais notre rongeur n’est pas pour autant sauvé. Car le Gruffalo existe !
Alors que le noisetier approche, elle tombe nez à nez avec la pire créature de l’univers, manque de bol, qui a aussi très faim.
Et je ne vous raconte pas la suite, ce serait vraiment trop dommage de vous spoiler la fin.
Sachez cependant que l’histoire se compose de 700 mots et qu’aucune bestiole n’est maltraitée.

« Comment, vous ne connaissez pas le Gruffalo ? Ses genoux ont des bosses, ses orteils sont tout crochus, son nez porte une affreuse verrue ! »
Gruffalo de Julia Donaldson
Le Gruffalo est à l’origine un conte écrit par Julia Donaldson en 1999, qui a vachement mais vachement bien marché. Il a remporté peu après sa sortie plusieurs prix littéraires et est aujourd’hui traduit en 46 langues différentes (dont le breton et le latin). Ses ventes : plus de treize millions d’exemplaires au compteur. Si vous n’avez pas d’ordre d’idée de ce que ça représente, dîtes-vous que l’ensemble des albums de Babar — notre éléphant national — a été traduit en 17 langues pour un peu plus de huit millions de ventes. Et ce alors que la première édition date de 1931.
Le Gruffalo est donc une réussite d’un point de vue commerciale. Plus fort encore, il a été élu « meilleure histoire à raconter avant d’aller dormir » en Angleterre. Dans notre joyeux pays du fish and chips, des bonnes beers et du whisky, le Gruffalo est un mythe très présent. Vous voulez organiser un goûter d’anniversaire ? Choisissez le thème du Gruffalo. Apprenez à dessiner avec le Gruffalo, apprenez à cuisiner avec le Gruffalo… Allez, un petit film pour Noël ? C’est parti pour le Gruffalo.
On dit pour plaisanter qu’il est le deuxième personnage littéraire le plus célèbre après Harry Potter…

Cette drôle de bestiole a fait l’objet d’adaptation en un très joli film d’animation de 27 minutes (réalisé par Max Lang et Jakob Schuh) nommé à divers prix (dont les oscars) et plusieurs fois récompensé, mais également en pièce de théâtre, en sentier forestier thématique… et de nombreux youtubeurs s’amusent à en faire leurs propres lectures et adaptations en ligne. En diverses langues, évidemment celle s’y prêtant le mieux restant l’anglais.
D’ailleurs, nous, quand on dit « Gruffalo », on crache presque ce mot, comme on jetterait une pierre à la rivière. En langue anglaise, ce terme tout en r roulés tombe délicatement comme un flocon de neige au sol. Il y a de la magie dans ce mot, pour qui garde son âme d’enfant.



De gauche à droite :
- Le Gruffalo trail de la forêt de Dean, Angleterre
- Sculpture Gruffalo de Kilmardinny Loch, Ecosse,
- Gruffalo, le livre de Julia Donaldson illustré par Axel Schefller
- Gruffalo, film d’animation de Max Lang et Jakob Schuh
Le livre est écrit en distiques rimés. L’histoire s’inspire d’un vieux conte populaire chinois dans lequel le gros méchant monstre était un tigre. Toutefois, Julia Donaldson a indiqué qu’il était complexe de trouver des rimes en « tigres ». Elle a opté pour le Gruffalo, qui en anglais, rime avec « know ».
Le conte n’est pas moralisateur dans le sens où la souris ne se comporte pas mal, elle n’est pas punie.
Gruffalo se dissocie donc des contes plus traditionnels chargés d’inculquer des valeurs en sanctionnant l’attitude du dissident par une confrontation avec la bête.
La souris est ce qu’elle est et se contente de vivre normalement. Malheureusement, les mauvaises rencontres font partie de l’existence de tout un chacun.
Les aventures infortunées de la souris peuvent s’analyser de diverses manières :
- Un manifeste autour du courage : savoir affronter les monstres qui nous effraient, lutter contre les brutes, etc.
- L’art de retourner la peur contre l’agresseur pour s’en défaire. Si la souris a peur du serpent, eh bien, le serpent aura peur du Gruffalo.
- Une leçon de vie en société, de communication, de relations humaines, puisque par la parole, la souris va faire fuir ses adversaires.
- Un enseignement sur notre monde réel, où nous vivons pour manger et être mangés. (Sauf le pangolin, que maintenant, plus personne ne touchera.)
- Et enfin, un superbe exemple de la victoire de l’intelligence sur la force physique. On peut être petit, faible, qu’importe tant qu’on en a dans le coco.
Certains disent même qu’il s’agirait d’une fable végétarienne !
L’enfant qui écoute ou lit l’histoire crée un parallèle entre lui et la souris, apprend qu’il peut ruser pour parvenir à ses fins et qu’il compte dans l’univers des « grands ».
D’ailleurs, si l’adulte saisit la métaphore filée, il aura intérêt par la suite à se méfier des quatre cents coups de sa souris.

« Comment, vous ne connaissez pas le Gruffalo ? Ses yeux sont orange, sa langue est toute noire, son dos est couvert d’affreux piquants violets ! »
Gruffalo de Julia Donaldson
Parlons monstre, maintenant.
Le Gruffalo est ce que vous pouvez imaginer de plus monstrueux, autrement dit, c’est un animal-monstre sur mesure.
Il a le don d’être à la fois effrayant et sympathique.
Il s’inspire de l’environnement et notamment de l’univers de la forêt où il réside. Chaque partie du corps du Gruffalo est instillée par des jeux d’ombres sur des troncs d’arbres ou des souches biscornues.
Au-delà des différentes armes décrites, il prend l’apparence d’un gros sanglier moelleux.
Chose intéressante : l’image du Gruffalo campe sur les peurs des uns et des autres. Vous pouvez donc inventer un Gruffalo pire encore que cette version toute douce, et bosser sur la représentation de la peur.
De quoi avez-vous peur ?
Comment imagineriez-vous votre Gruffalo ?
Comment votre enfant se dépeindrait-il son Gruffalo ?

Si vous voulez travailler sur la thématique des phobies, ce livre/film d’animation est un support de choix pour les tout-petits.
C’est une bonne alternative aux traditionnels petit chaperon rouge et consorts. Le Gruffalo est fictif, de sorte que votre enfant n’aura pas peur des loups, une bonne chose pour ces braves bêtes malaimées.
Si vous cherchez d’autres courts-métrages sur la peur, le court-métrage du Gruffalo était récemment diffusé dans un programme de quatre films d’animation, regroupant :
- Pierre et le Dragon Épinard d’Hélène Tragesser,
- Loup y es-tu ? de Vanda Raýmanová
- Mon monstre et moi de Claudia Röthlin
A noter : le Gruffalo, comme tout succès, a une suite : Le Petit Gruffalo.
Dans un dossier pédagogique, utilisé pour les écoles au cinéma, vous trouverez également si vous le souhaitez un certain nombre de livres pour enfants, regroupés autour de quatre thématiques connexes :
- Des histoires de monstres ou d’ogres
- Un sentiment : la peur
- Un personnage sans défense qui doit trouver des solutions pour ne pas être dévoré,
- Histoires de souris et de noisettes.
Pour en savoir plus sur le film d’animation, un dossier de presse est en lien ici.
Vous verrez, il existe un avant et un après Gruffalo. Et puis, pour Halloween prochain, si vous cherchez un déguisement…
Sources : Wikipédia, Youtube, un article très chouette de Giles Wilson de BBC News Magazine, les dossiers pédagogiques et de presse de Cinéparc et des films du Préau, différents copyright pour les images, la plupart étant extraites des dossiers pédagogiques précités et donc du film d’animation.
On est fan du Gruffalo à la maison ! On a le livre et le dessin animé.
Super documenté, ton article. Je vais aller jeter un œil sur tous ces liens de ce pas.
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Ah ça me fait plaisir ! Je ne savais pas que tu le connaissais ^^
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